Les 52 milles qui séparent Milazzo de Taormina resteront comme l’un des moments forts de nos navigations à la voile. Un peu de langage technique et de charabia maritime pour mieux comprendre et tant pis pour les novices.
Départ à 4h00 du mat du mouillage de Milazzo, les gribs annoncent un vent de 15 à 20 nœuds de secteur nord ouest et une houle d’un mètre rentre dans la même direction. La prudence reste de mise et on gardera 2 ris dans la Gv et le génois sera entièrement déroulé. Cap au 33, Stélie file à 5 nœuds au grand largue. Baptiste et Thibault dorment, Laurence est présente pour empanner à l’approche du détroit de Messine. A 8h00, le détroit est en vue, empannage réussi et nous sommes désormais sur tribord amure pour emprunter le passage large de 1.5 mille qui séparent l’Italie de la Sicile et qui marque l’entrée en mer Ionienne. Le guide Imray annonce des courants portant au sud à plus de 1.5 nds en fonction de la marée à Gibraltar et des rafales de vent importantes descendant des montagnes alentours, restons vigilants.
L’entrée du détroit est marqué par une eau bouillonnante, sous une belle lumière, Stélie accélère et passe rapidement de 3-4 nds à plus de 7 nds malgré un vent faible de 4-5 nds. On se laisse porter, un ferry croise notre route et nos amis de Koloboï nous font l’intérieur et en profite pour réaliser quelques clichés. Beaucoup de remous, mais la navigation est agréable et la tentation est grande de renvoyer de la toile. Les prévisions météo annonçaient pourtant 20 nœuds établi de secteur nord. Idéal pour entamer notre descente sur Taormina.
Quelques rafales commencent alors à se faire sentir, l’anémo passe rapidement de 5 nœuds à 15-20 nœuds et Stélie accélère de plus en plus pour se faire flasher à 9.7 nœuds sur une mer plate et un soleil généreux, on exulte. Le vent continue à monter, et on enregistre désormais des rafales à 37 nœuds, vent ¾ arrière. On enroule tout le génois, on garde les 2 ris dans la GV et on installe la retenue de bome pour aller manger tranquille. Notre vitesse moyenne est de 6 nds. Quel plaisir !!
La descente se poursuit sur une mer plate, un vent soutenu parfois capricieux mais toujours généreux. On peut vivre normalement à bord de Stélie, pas de mal de mer, Thibault regarde un film et oui, Baptiste bricole, avec Laurence on admire cette vue sur l’Etna au sommet enneigé qui se précise, on aurait presque pu faire des leçons mais bon…
La descente fut à peine troublée par le passage d’une immense tortue, et d’un banc de dauphins qui viendra jouer avec notre étrave, pendant un bon quart d’heure.
Arrivée dans la baie de Taormina, passage devant le restaurant où a été jouée une scène du Grand bleu, on plante la pioche dans 7-8m de fond par sécurité on oringue. Il est 16h00, il est temps pour tout le monde de faire un petit plongeon dans une eau à 22° et d’aller découvrir la ville.
On allait oublier, Ulysse a croisé dans le détroit la route des sirènes, il s’est accroché à son mat pour pouvoir écouter leurs chants envoutants. Pas de chants pour nous, mais quelque chose d’envoutant quand même lorsque l’on croise ses eaux tumultueuses.
Un temps vraiment idéal qui nous fait aimer le bateau, et nous réconcilie lorsque parfois on se fait « tabasser ». Le bonheur est aussi sur l’eau. Taormina semble une ville agréable, ces balcons fleuris pour vous accueillir, vieilles pierres mettant le tout en valeur, on se croirait à Carthagene (Colombie). On ne cessera jamais de vous dire que l’on vous envie, et surtout continuer à profiter de ces photos instantanées de votre voyage. Affectueusement à vous quatre
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